À New York, autour de Noël, c’est la saison des bals de débutantes pour les jeunes gens de la haute société. Tom, d’une autre classe sociale, se prend au jeu. Un premier film qui réinvente la comédie sophistiquée américaine.
Plus qu’une idée intellectuelle au départ de Metropolitan, il y a un certain recul sur une période de ma vie. J’avais fait l’université, Harvard, comme mon père et grand-père, mon frère, etc. Mais je me rappelle qu’après l’entretien d’admission, en faisant mes bagages pour aller à Harvard, j’écoutais un album des Bee Gees – leur période triste, mélancolique, avant les Bee Gees disco –, et je me souviens de la dépression qui est tombée sur moi à ce moment-là. Ce n’était pas de la tristesse, c’était une vraie dépression. Bref j’arrive à Harvard, j’étais en train de me battre contre cette dépression et je retrouve mon frère. Il était d’extrême-gauche, très radical – ça l’a rendu fou, il a fini par être interné. Lui et ses amis d’extrême-gauche passaient leur temps dans les chambres des nouveaux comme moi, à essayer de nous recruter. Tous ces discours radicaux, ce contexte hyper-politisé dans l’Amérique de 1969, c’était super déprimant. Mais je suis allé à New York pour les fêtes de Thanksgiving et de Noël et j’ai eu cette expérience merveilleuse avec ces gens qui deviendront les personnages de Metropolitan. La mère de mon meilleur ami de lycée m’avait appelé : « Toi et Tony, vous pouvez accompagner Suzy à ce bal ? » C’était la formule pour ces bals : deux garçons pour une fille, pour qu’elle ne se retrouve pas piégée avec un seul cavalier. Et ça formait un groupe. Ces gens étaient vraiment drôles. La vraie fille dont est inspirée Sally Fowler s’appelait Molly Ferrer. Son père était un grand médecin à Columbia, et son frère était Mel Ferrer, marié avec Audrey Hepburn. C’était toujours « tante Audrey, tante Audrey ». C’est comme ça que dans le scénario, j’ai appelé Audrey le personnage principal, car si je ne pouvais pas savoir quels acteurs allaient jouer, je savais que ce personnage d’Audrey Rouget serait Audrey Hepburn. Comme j’ai pensé que Nick Smith serait Cary Grant, et Charlie une sorte de Jimmy Stewart. Les Chris Eigeman et Taylor Nichols de Metropolitan sont un peu les Cary Grant et James Stewart de The Philadephia Story. (WS)
Extrait de Whit Stillman. L’ancien est le nouveau, FIDMarseille / Editions de l’œil, coll. « One, Two, Many », 2023.