Entre 1947 et 1951, le Gouvernement Grec a interné sur l’île déserte de Makronissos près de 80.000 soldats et civils (hommes, femmes, enfants) pour « faits de communisme ». Ils devaient y effectuer des activités de «rééducation» destinées à les faire réintégrer «le droit chemin» tracé par les idéologues de l’extrême droite nationaliste du Roi Paul.
De nombreux prisonniers, dont le célèbre poète Yannis Ritsos, y écrivirent des « textes poétiques » qu’ils enterraient dans des bouteilles et qui ont pu être ramenés du camp. Ces textes donnent à imaginer ce laboratoire barbare tout entier destiné à la «reprogrammation mentale» des résistants communistes. Ils seront organisés en un scénario écrit dépeignant la (sur)vie dans cette colonie pénitentiaire et les techniques de lavage de cerveau mises en place. Ce film placera, en regard de ces poèmes, les images des ruines pierreuses des installations concentrationnaires filmées dans une démarche d’ « archéologie cinématographique ».
A cette colonne vertébrale poétique, on adjoindra d’importants matériaux filmiques (gravures, récits en voix off de survivants, photos de propagandes militaires) qui seront travaillés par des procédés vidéographiques et sonores empruntées au cinéma expérimental…
Olivier Zuchuat