Séance CinéFID du 15 décembre 2022

jeudi 15 décembre 2022 au cinéma Le Bourguet de Forcalquier
en présence de Claire Doyon

18h30 : IT’S RAINING CATS AND DOGS de Claire Doyon

Première mondiale – FID 2022
France, 2022, 26’

Après un long-métrage consacré à sa fille autiste mutique (Pénélope mon amour, FID 2021), Claire Doyon cherche auprès d’une amie autiste Asperger des réponses à certaines de ses questions. L’amie est assise face à la caméra, dans un grand jardin où chantent les oiseaux. La parole qui s’échange de part et d’autre de l’appareil déborde très vite le cadre de l’entretien. Car autant ou davantage qu’une parole, c’est une présence qu’il importe d’accueillir. Agençant la matière numérique de l’entretien à des plans muets de fleurs en Super 8, Claire Doyon ne réussit pas seulement le plus tendre et joueur des portraits. Son film bref et vif parvient à toucher comme rarement à l’énigme de l’autisme en tant que manière d’être au monde, et à la poésie qui lui est propre.
Cyril Neyrat

20h30 : PENELOPE MON AMOUR de Claire Doyon

Prix Georges de Beauregard National, Prix Renaud Victor – première mondiale – FID 2021
France / 2021 / 88’

Il y a huit ans, à la faveur d’un voyage dans les steppes mongoles, Claire Doyon avait composé un lumineux portrait de sa fille atteinte d’autisme (Pénélope, FID 2012). Quelques plans en reviennent aujourd’hui dans un film qui, de centaines d’heures de rushes accumulés au fil des ans, extrait le récit d’une vie de et avec Pénélope. La narration obéit à un double mouvement. C’est d’abord, en marche avant, la chronique de guerre d’une mère qui a voué sa vie au combat contre la maladie de sa fille, contre la violence médicale et sociale. Au point, dit-elle, de renoncer à être cinéaste.
Après Les Allées sombres (FID 2015), Pénélope, mon amour prouve qu’il n’en a rien été. Car dans cette guerre, comme dit aussi, la caméra a été son arme et son bouclier. Le film ne cesse de manifester cette évidence : ce qui aide à tenir, c’est la tenue des plans face à la réalité, si douloureuse soit-elle. Cette tenue de l’attention, cette patience de l’image est ce qui permet à Claire Doyon d’y déposer aujourd’hui une parole, de réfléchir à voix nue ses années de vie avec Pénélope. Au fil des mots, un second mouvement se lève progressivement sous le premier : bouleversant récit d’apprentissage d’une mère qui renonce à la guerre pour accompagner sa fille sur la voie d’une pacification. Sous le soleil de Mongolie, parmi les rennes, les gestes de Pénélope s’épanouissent comme des fleurs. Après quoi l’image ne cesse plus de s’ouvrir jusqu’à révéler, dans la clairière d’un champ de ruines antiques, la souveraineté punk de Pénélope. Celle d’une jeune femme qui ne rentrera jamais dans le rang mais que le cinéma, parce qu’il sait aimer son existence extraordinaire, aide à trouver sa place singulière dans le monde.

Cyril Neyrat