Le mur de Berlin séparait un continent, une nation, une ville – mais il divisait aussi, courant en son milieu, une rue. C’est le long de cette large artère qui distribuait alors l’Est et l’Ouest que le cinéaste a cherché des témoins, de part et d’autre, pour les interroger sur leur passé au quotidien. Leurs souvenirs différent, fonction des destins propres, mais restent reliés pourtant à cette fatalité historique. Et le film lui-même est divisé, alternant entretiens avec des passages d’évocation, en images noir et blanc, d’archives impossibles. Travail de deuil, ce premier film exigeant revient sur une cicatrice qu’il se refuse à clore trop précipitamment, car elle joint les douleurs de l’histoire particulière à la terreur infligée par la Grande.
Jean-Pierre Rehm