Le 17 octobre 1961, lors d’une manifestation à l’appel du FLN, des dizaines d’Algériens sont tués par les forces de police du préfet Maurice Papon.
Dès le lendemain de la manifestation, Jacques Panijel commence le tournage de Octobre à Paris pour alerter l’opinion sur la tuerie qui vient de se produire dans les rues de la capitale. Composé de captations documentaires, d’interviews de manifestants et de reconstitutions des événements, le film a été censuré dès 1962 et Jacques Panijel menacé de poursuite.
Longtemps interdit, présenté à Paris en mai 1968 en même temps que La Bataille d’Alger de Gillo Pontecorvo, le film de Jacques Panijel ne recevra son visa d’exploitation qu’en 1973, à l’issue d’une grève de la faim de René Vautier. Mais son réalisateur a longtemps refusé de le montrer tant qu’un préambule en forme de préface ne lui a pas été ajouté, une opération qui nécessitait des subventions restées jusque-là introuvables.
Octobre à Paris sortira pour la première fois en France le 19 octobre 2011.
Même les livres d’histoire oublient pour la plupart de mentionner le film quand ils évoquent la guerre d’Algérie…
Le 17 octobre 1961 et l’interdiction d’un film
Il y a 50 ans le préfet de Police de la Seine, Maurice Papon, avec l’accord du gouvernement de l’époque, imposa un couvre feu discriminatoire, visant exclusivement tous les français musulmans d’Algérie. Ce couvre feu raciste entraîna, à l’appel de la Fédération de France du FLN, une réaction pacifique sous la forme d’une grande manifestation dans les rues de Paris. Au soir du mardi 17 octobre près de trente mille algériens, hommes, femmes et enfants manifestèrent donc pacifiquement sur les grandes artères de la capitale pour rappeler leur droit à l’égalité et à l’indépendance de leur pays. Il s’en suivit une répression féroce, dissimulée à l’opinion publique durant de nombreuses années. Onze mille arrestations, des dizaines d’assassinats, dont de nombreux manifestants jetés à la Seine après avoir été tabassés. Des centaines d’expulsions et des plaintes restées sans suite.