Carte Blanche à La Gaya Scienza – Nice #4

La Gaya Scienza
espace d’exploration artistique et poétique
9 bis, rue Dalpozzo – Nice

Pour la quatrième fois, La Gaya Scienza, « espace d’exploration artistique et poétique » (Nice), invite le FIDMarseille pour une programmation.

En présence de Mili Pecherer.
Rencontre avec la réalisatrice après la séance, modérée par Tsveta Dobreva

  • Compétition Française |
  • Compétition Premier Film
  • 2019

MENTION SPÉCIALE DU GRAND PRIX DE LA COMPÉTITION FRANÇAISE, MENTION SPÉCIALE DU PRIX PREMIER

Emmitouflées dans de splendides pèlerines d’allure médiévale, deux jeunes femmes cheminent. Parties en pèlerinage pour une destination fort humble, elles parcourent de petites routes de campagne, et devisent à l’écoute l’une de l’autre. La première, Mili Pecherer, la réalisatrice, porte sur son dos un fardeau aussi grotesque qu’énigmatique : un énorme baluchon en forme d’hémorroïde. La seconde, quand à elle, porte un enfant à naître. On l’aura compris, voici réunis et le sérieux et le cocasse pour cette pérégrination
sur les contreforts des Pyrénées, ouverte sous les auspices d’un chant moyenâgeux aux tonalités carnavalesques et irrévérencieuses. Ce voyage sera dans la tradition picaresque l’occasion de rencontres : avec tel agriculteur père de famille qui les accueille, avec tel inventeur d’une machine à retrouver les chats égarés. Sans oublier un âne, compagnon de route d’un moment de cette équipée fantasque. S’esquisse ainsi un film comme moyen de conjuration des angoisses existentielles, genre connu, ici subverti par l’esprit de candeur et la distance burlesque adoptés. Une quête librement inspirée de « Ce que nous apprennent les lys des champs et les oiseaux du ciel » de Kierkegaard, qui s’écarte des chemins tracés comme l’annonçait discrètement le plan d’ouverture. Pèlerinage paradoxal – Lourdes n’est pas loin mais malicieusement éludée – : revenir à soi par le chemin ainsi dessiné et non par une révélation, comme le pointe l’entrevue finale en rien conclusive, aussi saugrenue que programmatique. (N.F.)

24′, 2024

L’hypothèse de l’artiste est la suivante : l’arche de Noé, dernier refuge de l’humanité et du règne animal avant le grand Déluge, n’est en réalité qu’un chantier d’insertion professionnelle. Un lieu où des rescapés, perdus et sans repères, cherchent désespérément à se sentir enfin « Productifs, Utiles, Rentables ». Mais quelle issue espérer, lorsque la seule mission qui vous est confiée consiste à empiler des briques ? Et surtout comment se termine l’histoire de ces rescapés de l’arche une fois sur la terre ferme ?
Dans cette relecture décalée du récit biblique, Mili Pecherer nous plonge, à la première personne, dans l’enfermement de l’arche. Elle partage le huis clos en compagnie des couples d’animaux — chèvres, vaches, poules, canards — mais aussi d’une fière colombe et, surtout, d’un corbeau insoumis. Cet oiseau, cousin du corbeau pasolinien d’Uccellacci e Uccellini, lance à l’équipage des cris percutants, empreints des mots du poète et philosophe roumain Benjamin Fondane. À travers lui, c’est une invitation à chercher une issue, où qu’elle soit : à droite, à gauche, ou même au-delà.