Se perdre dans l’acte de marcher à travers des paysages ; des séjours à la dérive dans un courant transnational. Se perdre comme un acte de désorientation face à la paralysie de l’histoire, à la cartographie des territoires à partir des cartes coloniales, aux frontières qui forment les nations, à la militarisation de la souveraineté, à l’extraction des ressources et à la spéculation foncière. La démarche de la caméra incarnée erre de manière discontinue dans le temps, se déplaçant à travers une archive d’images animées qui paraissent déconnectées. Les gestes lents du Nô, l’extraction du phosphate sur l’île de Nauru, dans le Pacifique, la mousse qui pousse sur Snake Rock, le chemin d’eau de San Agustin Etla, les résonances du théâtre de Reza Abdoh toujours présentes. The Most Dangerous Question est un film qui refuse de tisser ses fragments comme localisables et qui, au contraire, révèle des présences à travers les décennies. C’est une ode aux états extatiques et intimes de l’être.

The Most Dangerous Question, The Most Dangerous Question
John Bruce
2025, 90’
- Programme
- Cinéaste
Note d’intention du réalisateur
The Most Dangerous Question a commencé pour moi en 1995. J’étais encore en vie malgré une décennie à croire le contraire. J’avais vécu l’avènement du VIH/SIDA à New York, après y avoir erré dix ans plus tôt. Les camarades de la résistance avaient disparu, les leçons tirées d’un aperçu de l’extinction s’étaient estompées comme un problème résolu et soigneusement rangé. Dans la brume de la fin de siècle, nous avons manifesté une résistance à la violence des distances – les nombreuses façons dont nous sommes séparés de nous-mêmes, de nos corps, des autres, de nos ancêtres et de la terre. Nous avons enregistré une série d’événements in situ, sur scène et dans la rue, par le biais de performances ethnographiques, en partie inspirées par l’artiste de théâtre Reza Abdoh, qui a laissé derrière lui une œuvre qui a servi de témoin sans fard à ma propre expérience. Notre fabulation collective comprenait des récits de Nauru, une île du Pacifique victime d’une dévastation environnementale et culturelle tragique, presque comique. Marcher avec les autres et avec la terre, écouter dans et à travers les fausses séparations du temps et de l’espace sont des occasions pour ces rituels de proliférer, de s’étendre et de se déployer.
Fiche technique
- Production :Miko Revereza (miko.revereza@gmail.com)
Train Tracks (John Bruce : mrjohnbruce@gmail.com) - Budget :180 792 €
- Budget acquit :70 552 €
- Financement :The New School Provost Office Research Award - The School of Design Strategies Research Award - Parsons Faculty Research Fund
- Pays de tournage :États Unis, Japon, Grèce, Italie, Colombie