Tout petits moyens, mais attention, casting hollywoodien ! Pour leur premier film, réalisé à Saint-Fons, aux environs de Lyon, Nicolas Boone et Olivier Bosson nous préviennent de l’ampleur du spectacle : « 50 acteurs et 300 figurants, tous recrutés sur place. » C’est ainsi que l’on croisera dans cette fresque au déroulement aussi imprévisible que ses figures paraissent attendues, une équipe de sociologues, des trafiquants, un directeur d’école, des médecins, une jeune fleuriste, un agent immobilier, etc. Larguant les amarres, les deux réalisateurs nous prennent par la main pour une traversée cocasse, pleine de rebondissements, dans une banlieue pourtant comme tant d’autres. Se jouant des clichés, les situations stéréotypées sont allègrement et malicieusement détournées au fil de saynètes qui s’enchaînent selon la règle du marabout de ficelle qui fait avancer le scénario. Mais l’enjeu est moins celui d’un défilé comique que de portraiturer autrement, tendresse comprise, une cité et ses habitants. En clair, si naturalisme et pittoresque cèdent la place à l’humour, c’est au service d’une peinture sociale dont la palette s’étendrait des derniers Buñuel jusqu’aux pochades de Mocky. Avec drôlerie, respect et délire, le film restitue généreusement des corps singuliers, gratte sous la surface des conventions, vrillant les mots et les regards, dans une folie plus acide et douce qu’il peut y paraître.
Nicolas FeodoroffNicolas Boone Olivier Bosson