Nasr Hamed Abou Zayd n’est pas Godot, et l’attente promise par le titre est trompeuse : ce grand monsieur est présent dans quasiment chaque plan. Qui est-il ? Théologien musulman égyptien de réputation internationale, il a publié des exégèses du Coran qui lui ont valu d’être condamné pour apostasie. Exil, divorce contraint d’avec son épouse Ibtihal Younes puisque son mariage tombait sous le coup d’une annulation, séparation d’avec son fils, telles sont les conséquences de ses écrits. Mais Abou Zayd n’a pas renoncé, résidant à Leiden aux Pays-Bas, il continue, toujours sur les routes, de donner des conférences, d’expliquer avec grande sérénité ses positions dans des débats publics, à la télévision, etc.
C’est ce dévouement particulièrement impressionnant que la caméra de Mohammad Ali Atassi a enregistré sur une période de six années. Ce film est donc le portrait d’un penseur en action et l’occasion de passionnantes leçons d’études islamiques. Mais c’est aussi, comme dans cette séquence de rencontre avec une salle à Beyrouth, ou sur le plateau d’Al Jezeera, un document sur une société passionnée de débats théoriques.
Jean-Pierre Rehm