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PERSONNE N’ÉTAIT SYMPA

NOBODY WAS COOL

Hélèna Villovitch,

David TV

En ce premier mai 1986, une étrange poussière flotte dans l’air. Entre hier et aujourd’hui, une déambulation dans Paris et les images, aussi stridentes qu’irradiées.

Personne n’était sympa raconte une balade dans Paris, le 1er mai  1986. La fin, sans la déflorer, révèle un sens nouveau à cette  déambulation. Comment est né le projet de raconter cette journée, et pourquoi aujourd’hui ? Comment avez-vous abordé l’écriture du texte lu en voix off ?

Il y a deux ans, Hélèna a quitté Paris pour Marseille tandis que David restait à Paris. Nous avons pris l’habitude d’avoir de longs entretiens en vidéoconférence. Nous avons enregistré le son et  retranscrit nos paroles, mot pour mot. Cette série de transcriptions constitue un corpus intitulé « Moi et lui, elle et moi ». Ce sont en quelque sorte nos souvenirs depuis notre rencontre en 1983. Le texte du film « Personne n’était sympa » est écrit à partir du quatrième entretien, celui du 28 septembre 2022. C’est le récit d’une journée de 1986 qui nous a particulièrement frappé. L’évoquer
faisait resurgir des souvenirs souvent imprécis, parfois même imaginaires ! C’est une reconstruction, une reconstitution. C’est aussi un autoportrait de notre duo. À l’époque, nous avions en permanence l’impression d’être des personnages qui jouaient dans un film de fiction, avec des décors fabriqués et des costumes étudiés. Depuis, cette impression s’est mille fois confirmée. Il y a aussi une thématique apocalyptique. Un certain sentiment de fin du monde hérité de la catastrophe d’Hiroshima nous habitait depuis l’enfance. Ce premier mai 1986, ça s’est précisé. En 2023, que dire ? Tous les compteurs s’emballent !

Les images forment un palimpseste accumulant surimpressions, surcadrages, superpositions, effets de brillance et de scintillement… D’où viennent les images que vous utilisez ? Pouvez-vous décrire le processus de montage ?

C’est à partir d’une somme d’archives personnelles (images papiers journaux, photos, super huit, vidéo, photo sur papier thermique, dessins, textes) que nous avons débuté le montage image. Nous avons commencé par construire des ensembles d’images pour ensuite les détériorer en intensifiant la chrominance, en recadrant, en superposant, en démultipliant, en ralentissant, en masquant afin
d’assembler l’ensemble pour encore le détériorer comme le résultat possible après une irradiation atomique de l’image. Le maître-mot : Fusion !

La fin révèle, à la bande-son, le sens d’un bruit en particulier. Comment avez-vous travaillé le son ? 

Comme il s’agit au départ d’un « cinépoème », le texte devait rester absolument audible, compréhensible, sur fond sonore d’une note d’orgue continue pour intensifier l’aspect tragique. Nous avions besoin d’une composition sonore pour opérer le montage image, en attendant l’enregistrement que nous avions demandé à l’actrice Juliette Bineau ; nous avons donc opté, pour avancer le plus rapidement possible le montage, pour l’enregistrement de nos voix séparées, afin de les unir dans un deuxième temps.

Il existe deux versions du film, l’une avec la voix de Juliette, l’autre (celle qui est montrée ici) avec nos deux voix d’Hélèna et David.

Il fallait aussi créer une atmosphère post-nucléaire, d’où l’utilisation d’un enregistrement de compteur Geiger qui s’affole afin de reconstituer cet apocalyptique pique-nique.

Au final les voix, sous forme de Chœur, guident le spectateur à la façon de la tragédie grecque antique : le Chœur est un personnage collectif qui assiste aux souffrances des personnages frappés par le destin.

Propos recueillis par Nathan Letoré

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Fiche technique

France / 2023 / 14’

Détenteurs des droits
David TV
david_tv62@hotmail.com

Hélèna Villovitch
villovitch@wanadoo.fr