Les grèves de décembre 1995, on s’en souvient, ont marqué les esprits : durables, suivies, efficaces aussi en ce qu’elles ont su entraîné d’adhésion populaire, elles ont renoué avec un exercice politique qui semblait oublié et confisqué. Renonçant aux raccourcis journalistiques ainsi qu’aux frauduleuses reconstructions héroïques, c’est un petit groupe de cheminots de la Gare du Nord que Ginette Lavigne et Jean-Louis Comolli ont choisi de suivre, avec fidélité et modestie, pendant ces journées d’hiver. C’est le travail de la grève dont ils nous proposent d’être les témoins, travail fastidieux, dans lequel, outre l’aboutissement des revendications, cherchent à se frayer autant les moyens de la lutte que la réinvention de son sens.
Jean-Pierre Rehm