« Sur les côtes sauvages d’un pays glacé, l’été étire sa journée sans fin, aube absolue où règnent les bêtes. Un navire, animal bizarre venu de la mer, sans violence, s’introduit dans le paysage. À son bord, des silhouettes d’hommes s’agitent. Sur l’eau, sur la glace, sur la terre, ils s’avancent vers nous. « Nous » sommes la glace, la pierre, l’eau et les animaux du Groënland, et « eux » des naturalistes du début du XXIe siècle qui s’approchent de la nature et l’observent. Tous sommes les parties d’un même tout, un monde reculé où il fait froid et jour. » Ainsi Ariane Michel décrit-elle cette aventure qui fait, comme Ponge, le pari du parti pris des choses, de leur opacité, de leur archaïsme, de leur beauté aussi. Film animalier si l’on veut, mais pour mieux guetter les traces d’une humanité à laquelle on aurait refusé toute évidence.
Jean-Pierre Rehm