L’image est en noir et blanc, granuleuse et ralentie comme seule la pellicule peut l’être. Une jeune femme y apparaît, marchant dans la rue, dans ce qui semble d’abord un décor quelconque mais se révèle les environs d’une maison. Au son, c’est cependant la voix d’une femme âgée qui s’entend : elle y évoque des souvenirs amoureux, et une chanson est mentionnée pour être immédiatement entendue, comme par la jeune femme.
See you in my dreams, hommage de la réalisatrice à sa grand-mère dont la santé se détériore et les souvenirs s’estompent, dessine un entrelacs de correspondances entre les paroles de l’une et les images de l’autre. Portrait d’une femme qui ne sera jamais vue à l’écran, portrait d’une maison dont la topographie totale ne se laisse jamais deviner, le film procède par touches, par échos. Aux amours de jeunesse évoquées par la grand-mère semble correspondre l’idylle de la petite-fille, pour qui se filmer revient à substituer au visionnage impossible de la jeunesse disparue sa version rêvée dont elle est la dépositaire. Mais le dédoublement de la figure féminine a vocation à unifier : les deux voix finissent par n’en faire qu’une et se synchroniser. La parole de la grand-mère devient voie de libération de la petite-fille, ou peut-être d’évaporation. L’indétermination importe peu : construit autour de l’acte de recueillir la parole, le film s’impose au final comme un geste d’offrande. (N.L.)
Shun Ikezoe
- Compétition Flash
- 2020
- Compétition Flash
- 2020
朝の夢 See You In My Dreams
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Fiche technique
Japon / 2020 / Couleur et Noir & blanc / 8 mm, Stéréo / 19’
Version originale : japonais.
Sous-titres : anglais, français.
Scénario : Shun Ikezoe.
Image : Shin Yonekura, Shun Ikezoe.
Montage : Shun Ikezoe.
Son : Takuya Kawakami.
Musique : duenn.
Avec : Yukino Murakami, Shinya Ueno, Teiko Ikezoe.
Production : Shun Ikezoe.
Ventes internationales : Peter Yam.
Festivals : Nanako Tsukidate.
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