Un secret de famille se nourrit ici à partir de l’absence d’un père. Les années passent, et s’impose peu à peu le désir d’en savoir plus, de retrouver ce père, de lui donner une existence au delà d’une vague image insatisfaisante. Image nécessaire elle-même pour construire sa propre image. Le cinéaste enquête, rencontre des témoins, interroge sa mère. Les récits se croisent et, bien sûr, coïncident mal. Non sans humour, le film, en forme de quête, nous emmène au fil de cette remontée aux origines, d’où devrait surgir une identité plus solide, plus rassurante. Pas si simple. Des trajectoires de vie apparaissent, les rancoeurs, les ressentiments, mais aussi les ressorts, les énigmes et les infinies subtilités des rapports entre une mère et son fils, entre un homme redevenu père et son fils. Et le cinéaste, à la fois acteur et metteur en scène de cet écheveau, fait partager ses sentiments mêlés. Il commente ses choix, ses hésitations, ses bifurcations face au désir ambivalent de cette improbable famille que pourrait accueillir le film, à la fois prétexte et outil de cette recherche. Au-delà de cette trajectoire singulière, sous l’autoportrait, ce qui se dessine en filigrane, discret mais insistance, c’est encore davantage le portrait d’une femme, et d’un couple, dans la société coréenne s’ouvrant à l’Occident.
Nicolas Féodoroff