« Dans un Los Angeles imaginaire, une bande de cow-boys, un groupe d’activistes, trois hippies, quatre adolescents et quelques gangsters attendent un événement important qui doit arriver ce soir. Pendant ce temps, ils évoquent leurs valeurs, leurs rêves, leur idéal amoureux et la façon dont la politique influence leur vie quotidienne. » Ainsi se présente le synopsis du premier long-métrage de Neil Beloufa, suite ample et logique à plusieurs courts, dont le très beau Kampinski (2007). Encore faut-il préciser qu’un tel assemblage, hétéroclite et improbable, est retenu dans les rets d’un ordre sévère. Eclairé sous les feux étals d’une lumière de sitcom, décors affichant leur artifice appuyé, voix enregistrées sans profondeur à prononcer des dialogues, fruits d’un montage d’entretiens préalables, casting stéréotypé pour un jeu mécanique, rien ici ne déborde, la vie a pris la fuite, abandonnant des enveloppes physiques à leur destin de pantins. Si l’entreprise touche à la fois à l’enquête sociologique (faire entendre crûment le vide de truismes effectivement recueillis) et à l’étude des représentations imaginaires (accumuler les clichés de situations sociales telles qu’elles sont dictées et reproduites par la télévision), le résultat de ce travail minutieux est autre. Le réalisme vire au fantastique. Car l’apocalypse attendue par tous ces personnages est déjà arrivée, c’est en Enfer que l’on se trouve. Neil BELOUFA
Jean-Pierre Rehm