D’où viennent les images ? Cette question, inquiète et essentielle, Philippe Grandrieux la posait, et se l’imposait déjà, dès ses débuts, en passant par Sombre (1999) jusqu’au portrait récemment consacré à Masao Adachi (FID 2011). D’où, alors ? Peut-être du tréfonds de derrière nos yeux, visions insaisissables, nuit en suspension, promesse de fin d’éclipse, entre rêve et cauchemar. Voilà l’entame (et en vérité le programme), de White Epilepsy. Dans une obscurité entredéchirée à peine de lumière avance une masse : un dos, nu, en un long plan porté tout entier par ces épaules.
Le récit (est-ce un récit ?) qui suit cette annonce a la nécessité de l’élémentaire : rencontre de cette première figure, féminine, avec une seconde, masculine. Scénario connu. Mais s’engage, au ralenti, un ballet entre ces deux corps. Sait-on, vraiment, ce qu’il advint d’Adam et d’Eve une fois chassés du Paradis ? En voici peut-être figuration. Les corps s’enlacent, se frottent, s’enroulent, se dénouent, luttent, sculptures mouvantes cadrées dans une image à la verticalité assumée. Dans cette chorégraphie, Grandrieux choisit d’offrir leur place aux gestes d’un monde chthonien, archaïque, tout d’intensités muettes, et aspirant à l’immobilité. Premier volet d’une trilogie à compléter, ce sont les frontières du cinéma qu’il s’agit d’affranchir, jusqu’à les repousser dans l’espace reclus des secrets. (NF)
- Compétition GNCR
- Compétition Internationale
Fiche technique
FRANCE
2012
Couleur
HD
68’
Version originale
Sans dialogue
Image
Philippe Grandrieux
Son
Corinne Thévenon
Montage
Philippe Grandrieux
Production et distribution
Epileptic
Filmographie
– IL SE PEUT QUE LA BEAUTÉ AIT RENFORCÉ NOTRE RÉSOLUTION – MASAO ADACHI, 2011
– UN LAC, 2008
– LA VIE NOUVELLE, 2002
– SOMBRE, 1998
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