Dane Komljen choisit de multiplier les pistes, et de les brouiller. Par goût, peut-être, du secret. Par appétit, à coup sûr, c’est si manifeste, de mettre en rapport une chose avec tant d’autres. Par exemple? Un bâtiment postconstructiviste et des lieux de drague homo, l’amitié et la stratégie, les livres et les images, l’Histoire récente des Balkans et une forêt soudain privée de ses sentiers, la vidéo trash expérimentale et le soin des cadres, etc. Son « petit oiseau » donc, saute bel et bien de branche en branche, et rapporte au final de quoi édifier mieux qu’un nid : les méandres réjouissants d’un labyrinthe en ramassé. Qui s’y perd, qui s’y retrouve ? Bien malin qui en tranchera. Lui-même, d’ailleurs, ne semble pas vraiment se préoccuper de trouver la sortie, tout occupé qu’il est à ménager place pour toujours davantage de saveurs, de feuilletés de sens, de virevoltes virtuoses d’images et de sons. Sophistiqué, joueur, persiffleur et habile chanteur, ce petit oiseau a déjà les ailes exercées pour de plus longs vols. Celui-ci, bref mais intense, pas pour rien en compétition Premier, nous invite par avance à surplomber des paysages réels et imaginaires, physiques et mentaux, qu’on aimerait voir durer.
Jean-Pierre Rehm