Déjà Sylvia Krystel-Paris (FID 2004) ou Le temps qu’il reste (FID 2008) exploraient les espaces de la musique et de la parole au cinéma, entre image et son, regard et écoute. Avec One, two, many Manon de Boer poursuit son oeuvre jouant des écarts et des enjeux tant politiques qu’esthétiques, nouant ici trois gestes, pour s’accorder en un seul qui fait la part belle au corps.
One. Un souffle, puissant, venu du plus profond du flûtiste Michael Schmid, interprète une pièce d’Istvàn Matus. La respiration s’y transmue en note. Souffle souverain, littéralement panique, d’avant la note ou de par-delà la musique, que restitue une caméra mobile, enveloppante, attentive à la moindre tension musculaire. Two. Passage de l’un à l’ouverture au multiple, à la communauté invisible, suggérée par la discussion en off d’un texte de Roland Barthes consacré à l’« être ensemble ». Many. Clairement mise en oeuvre dans le final, cette communauté du «nombre» est déambulation fluide parmi auditeurs et interprètes des Tre canti popolari de Giacinto Scelsi, tout de stridences et d’onomatopées : au bord des mots. La musique entraîne les déplacements, fabrique dans l’écoute une chorégraphie. Si le titre joue sur l’expression « one too many » (un de trop), c’est bel et bien pour la contrarier vigoureusement : Un, deux, nombreux. On aura compris qu’au sélectif, Manon de Boer préfère l’utopie en acte de la musique : musique à l’oeuvre, à méditer, et à entendre. C’est une leçon de politique qui se délivre ici, qui partage ou réunit corps et sons.
- Compétition Internationale
Fiche technique
BELGIQUE
2012
Couleur
16 mm
22’
Version originale
Anglais
Image
Sebastien Koeppel
Son
Bastien Gilson & Aline Blondiau
Montage
Manon de Boer
Avec
Michael Schmid, Vincent Bouchot, Lucy Grauman, Paul Alexandre Dubois, Marianne Pousseur
Production et distribution
Auguste Orts
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