Portrait filmé d’un des jeunes cinéastes contemporains les plus décisifs, Pedro Costa, son parti pris est de saisir l’artiste au travail, à la manière dont Costa en avait fait lui-même le choix dans son film sur les Straub. Tirant profit du dernier longmétrage tourné à Lisbonne, En avant, Jeunesse, Aurélien Gerbault s’est fait témoin plus qu’enquêteur. En lieu et place des making off encombrés, dramatisés ou bavards, c’est davantage le coeur du travail cinématographique qui surgit ici. Prises de sons, répétitions du texte, choix interminables entre les différentes prises de vue aux nuances indécidables, c’est un artisanat du secret, un art de la concentration auquel on est convié à assister. Le tournage dévoile sa véritable nature : espace d’intimité avec l’âpreté du réel. Et c’est alors que les rares propos du cinéaste prennent leur sens, remontant du même coup en toute légitimité vers ses oeuvres plus anciennes.
Jean-Pierre Rehm
Entretien avec Aurélien Gerbault à propos de Tout refleurit, paru dans le quotidien du FIDMarseille du 9 juillet 2006