RÉTROSPECTIVE Whit Stillman

ULTRA HAUTE COMÉDIE

En cinq films, de Metropolitan (1990) à Love & Friendship (2015), Whit Stillman s’est imposé comme le prince de la comédie américaine contemporaine. Or la comédie est bien connue comme étant l’un des genres les plus difficiles au cinéma. Stillman y excelle en pariant sur l’élégance, sur l’intelligence, sur l’amour de ses personnages et non sur leur dérision. Le génie de Stillman est celui de dialogues d’un brillant et d’une vivacité sans pareille ; celui d’une mise en scène sobre et ciselée, tout entière tournée vers la vie des personnages et la vitesse de leurs pensées, la subtilité de leurs émotions. C’est aussi, à l’âge de l’inflation des budgets et des écritures boursouflées, un éloge de l’économie, de la sobriété et de la vitesse qu’elles autorisent. Devant un film de Stillman, on croit voir Audrey Hepburn, Cary Grant et James Stewart ressusciter l’âge d’or hollywoodien pour réenchanter notre monde, y projeter un peu de leur élégance et de leur impertinence. Assumer un héritage (la comédie sophistiquée hollywoodienne des années 1930-40) non pour le copier, le reproduire, mais pour y trouver des puissances d’interprétation très personnelles d’un genre cinématographique. Tenir ensemble l’ancien et le nouveau.
Le cinéma de Whit Stillman, c’est à la fois une esthétique, une éthique et une politique peu communes, que partage le FIDMarseille. Nous sommes très heureux de présenter la première rétrospective intégrale de son œuvre et en sa présence.
À l’occasion de cette rétrospective, le FIDMarseille publie un ouvrage collectif, le premier en français consacré à son œuvre, en coédition avec Les éditions de l’œil. La version anglaise du livre est publiée chez Fireflies Press.