Le FID vous propose, en partenariat avec Actoral, une soirée VidéoFID à Marseille
Grand Prix de la Compétition Française – première mondiale – FID 2020
Lech Kowalski nous aura, de longue date, habitués aux mouvements. Ceux de la rue, des punks, des fétichistes, de sa mère, des paysans polonais, des grévistes : la liste est longue, c’est celle, presque sans fin, d’une humanité reléguée. Mais est-ce une habitude ? Surtout pas, l’effet plutôt d’une caméra restée indomptée. Et nous, soumis à ses ruades, à ses roueries, à ses rébellions, à ses rages, à ses cris du cœur, on en prend plein les yeux et ça fouette l’âme. Cette fois encore, l’idée est simple : faire le remake d’Un américain à Paris. Mais, précisons, en guise d’ « américain », ce sera un Indien, casquette de baseball arborant le slogan : « native pride » ; et en guise de Paris, ce sera ces « zones », aux bords de routes de la capitale, traversées de sans-abris, de migrants venus du monde entier. Y danse-t-on ? Ça se peut. Un boxeur croisé à la soupe populaire ne cesse de parler en bougeant façon shadow boxing. Et puis notre native, il marche, il ne cesse de mettre une basket devant l‘autre, pressé, toujours dans l’urgence à se déplacer, presque à courir. Et aussi, la caméra de Lech, chien fou, fait de brusques panoramiques sans motif, quitte son sujet, cherche un cadre plus vaste, le ciel, les routes. Ici, rien ne tient en place, et ce n’est pas la moindre des surprises que d’écouter l’Indien parler des conditions de vie des migrants qu’il croise comme l’image exacte de celles que son peuple, avant de presque disparaître il y a bien longtemps, a connues. C’est sans doute cette liberté de circuler dans la cruauté qui autorise un final qu’on taira ici, déplacement supplémentaire et refus d’assignation. C’est Kowalski, à nouveau.
Jean-Pierre Rehm