Le voyage qui nous est conté suit les traces d’un exil : non pas tant celui du poète chilien Francisco Contreras installé à Paris au tournant du XXe siècle, que celui de sa jeune épouse française, Andrea, qui fera le trajet inverse après la mort du poète et finira ses jours au Chili. Si le film dessine, en creux, le portrait de Francisco Contreras, longtemps oublié dans son propre pays, c’est le fantôme d’Andrea qui semble guider le personnage éponyme, une jeune photographe préparant un film sur la réunion des cendres des deux amants exilés. Avec une grande liberté, sans s’embar- rasser d’itinéraires attendus, et entrechoquant sans cesse fiction et réalité, le film tisse peu à peu une trame de correspondances mystérieuses entre Ana et Andrea. Imperceptiblement, Pamela Varela trouble les repères de son personnage et avec, les nôtres. Elliptique, procédant par sauts d’un lieu à l’autre et confrontant plusieurs registres d’images sans céder à la facilité du « film dans le film », le voyage proposé n’a rien de linéaire, progressant au gré des rencontres, ouvrant sans cesse d’autres pistes. Et pourtant, il se dégage du parcours d’Ana, que l’on ne quitte pas un instant, comme une évidence qui la guide des rougeoyant paysages de Dordogne jusqu’aux flancs de la cordillère des Andes : celle du retour à la patrie. C’est dans cette délicate nostalgie que le film trouve sa dimension poétique.
Céline Guénot
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