Le FIDMarseille est heureux de vous proposer, dans le cadre des soirées VidéoFID, en présence du réalisateur.
Au fin fond de la forêt, un homme vit seul dans sa petite maison blanche. Peut-être un faux solitaire, il n’a de l’ermite que la barbe d’ermite. Par ses habitudes, de même que par son activité de cartographe, il semble appeler malgré lui la présence d’un monde autre qui ouvrirait ou complèterait le sien. Cette apparition, Gaetano Liberti la filme au détour d’un simple changement de focale. Présence douce et silencieuse, elle apparaît assise juste derrière notre homme, comme si elle avait toujours été là. Déjà, ses yeux jouent. J serait l’histoire d’un souffle entre les branches et la preuve que le soleil n’aurait jamais disparu. C’est aussi une histoire de point de vue : à quelle distance regarder ces fragments de vie qui à eux seuls justifient la totalité des jours traversés ? La solitude est un rythme fragile ; ce rythme déréglé, les connexions se défont, d’autres se créent et le temps dévoile ses gouffres. Le calme des bouleaux filmés en noir et blanc à peine s’est-il diffusé qu’une boule de billard suivie par une caméra virevoltante nous attrape aussitôt l’oeil. Au milieu de la nuit, inattendu, c’est le bleu tranchant d’une simulation de sous-marin qui surgit : d’autres espaces abstraits, peut-être vides, et qui pourtant fascinent notre personnage. Pour Gaetano Liberti, dont c’est le premier film, c’est le monde entier qui frissonne lorsque deux êtres se lient. L’ onde de choc s’étend sans jamais rechigner à dévoiler ses zones d’ombre et de déception. Lorsque les valeurs s’annulent, les regards s’oublient, J adopte un rythme nouveau mais inconscient : condition unique pour l’écriture de nos cartes intimes. (VP)
«J, un moyen métrage tourné à Sarajevo sous la supervision du réalisateur hongrois Bela Tarr, présente l’histoire de «J», un cartographe qui mène une vie solitaire. La rencontre avec Emily transfigure sa perception du monde et sa relation avec ce qui l’entoure. Avec la rigueur esthétique de la photographie signée par l’Islandais Sigurður Möller Sívertsen.
Cinema Italiano — 12 juillet 2018