Soirée VidéoFID du 17 novembre 2022
jeudi 17 novembre à 20h00 dans les locaux du FID - 14 allées Gambetta 13001 Marseilleen présence de de la réalisatrice
À l'occasion de la venue de Liv Schulman aux Beaux arts de Marseille pour animer un workshop avec les étudiant·es
PERSONA de Liv Schulman
Argentine / 2022 / Couleur / 17’
Liv Schulman aime travailler avec des figures qui seraient ses doubles. Après celle de l’enquêteur de sa série policière métaphysique Control, voici un nouvel avatar de l’artiste. L’enjeu de départ consiste à produire une exposition. Ainsi en ouverture, se découvre peu à peu ce clone mutant aux singuliers atours, relatant ses rêves dans une mise en image déroutante. De cette figure, collage mal ajusté de fragments d’images de synthèse et de prises réelles, sourdent angoisses et désirs. Cette matière guide un périple désorientant, qui malaxe un chapelet d’obsessions composées à sa sauce, faites des restes de Marx, Freud, Haraway et bien d’autres, avec un sens de l’humour des plus réjouissants – trait présent dans toute son œuvre (films, textes, installations, performances). Sous les apparences d’un doux délire, dans ce monde flottant au langage inquiété surgissent ici ou là un sein protubérant, une sangsue géante, des lombrics humanoïdes, des pierres ou autres figures fluides ou molles au corps numérique low fi. Le geste politique qui prend peu à peu corps convoque, de digressions en digressions et jouant d’associations à la perversité allègre, le sexe et la libido (on s’en doutait), les affaires du monde (Perón lancé à la cantonade), la scatologie (Freud encore, jamais très loin), l’économie, et une masculinité joyeusement raillée. Avec ce clone déraillant en perpétuelle décomposition-recomposition, le parti pris du film est d’avancer comme un tourbillon au ralenti, un cauchemar cotonneux, faisant son miel de nos travers contemporains. Traversée dans le commerce des pulsions et des peurs, matières premières d’une politique libidinale, Persona résonne, au delà de l’injonction initiale de créer, avec des réalités bien tangibles, délires en actes parfois autrement plus effrayants.
(Nicolas Feodoroff)
A SOMATIC PLAY de Liv Schulman
Video HD, 2019, 32 min
Humour, vrilles du langage et déplacement des sens, voilà une traversées des signes vertigineuse à laquelle nous convie Liv Schulman dans A SOMATIC PLAY (Aduaneras). Après la figure du commissaire, entre enquêteur et curateur de sa série CONTROL: A TV SHOW, une nouvelle figure apparaît dans A SOMATIC PLAY, celle des douanières. Tourné à Mexico, on y voit ces dernières mises en scène dans leur quotidien professionnel. Leur rôle est singulier : elles ont pour mission de réguler le flux d’affects. Première mission avant le travail, s’apprêter à la centrale d’opération, un salon de coiffure où elles se font laver les cheveux. Elles discutent des nouvelles régulations mises en place, des émotions qui ont passé la frontière illégalement, des nouvelles formes d’anxiété et d’anxiolytiques qui vont et viennent, qui émergent dans des quartiers huppés et disparaissent sous des piles de jeans délavés. Un contrôle des flux psychosomatiques qui sont régulés de la même manière qu’une monnaie. Ainsi les émotions positives comme négatives deviennent des marchandises, au même titre que les produits culturels, et sont réinjectés dans le système économique. Mais leur propres angoisses les traversent aussi…
d’après Marion Vasseur Raluy