L'histoire se passe au bord, à la surface et parfois sous les eaux d'un grand lac du Laos. France aide sa mère à faire vivoter l'entreprise familiale. Mr Wong, milliardaire chinois, a pour le lac de grands projets d'exploitation touristique. Il a aussi celui d'épouser France, dont il est amoureux. Mais France est amoureuse de Xana, qui travaille pour Wong. Goodbye Mr Wong est bien un mélo, mais sans drame, tant le récit tient le pari de l'intelligence et de la bienveillance de tous ses personnages. Kiyé Simon Luang est admirable de croire encore à de tels archétypes, et de préférer le mystère des êtres à leur supposée complexité. Admirable aussi son détachement à l'égard de toute mode ou manière de la fiction contemporaine. Du cinéma français, il ne garde que le meilleur : Marc Barbé et Nathalie Richard, acteurs eux-mêmes hors normes, trouvent sous ce climat lointain et sous l'oeil si sûr du cinéaste un terrain de jeu à la mesure de leurs fragilités. L'oeil, mais aussi l'oreille. « Écoutez les sons du lac » : la recommandation finale du chef de village livre le secret d'une mise en scène amoureuse du lieu où elle se déploie. Ses exquises lenteurs sont celles des barques et bateaux qui transportent les passions calmes dans la blancheur voilée des paysages. Cette souveraine lenteur est aussi la résistance qu'opposent le lac et ses habitants aux violences de la prédation capitaliste. Si ce monde doit disparaître, grâce soit rendue à Kiyé Simon Luang d'avoir su partager sa beauté. (C.N.)
Kiyé Simon Luang